Commerce de l'or et échange de métaux précieux dans l'Histoire
Le commerce de l’or et des métaux précieux est le terme générique sous la bannière duquel de plus petites activités, comme le rachat d'or, peuvent être rangées. Il suffit en effet de se figurer que les transactions autour du métal jaune, telles qu’elles ont pu se pratiquer durant les siècles passés, et telles qu’elles se pratiquent encore aujourd’hui, ne sont qu’un aspect parmi une multitude d’échanges commerciaux concernant les métaux précieux pour comprendre que le négoce de l’or est une activité protéiforme et millénaire. Car les mécanismes qui régissent tout échange mettant en œuvre un métal précieux, que ce soit sa reprise, son troc, sa cession ou son acquisition, sont complexes.
Il faut remonter à une époque antérieure à l’invention de la monnaie pour retrouver des activités commerciales reposant néanmoins sur l’échange d’or, d’argent, sous la forme d’un matériau brut, avant qu’il ne soit frappé à l’effigie de quelque roi que ce soit, ou que ne soit tout simplement battue monnaie.
Les premiers échanges commerciaux
Les qualités de l’or s’imposent rapidement. Bien que présent sur toute la surface du globe, et connu extrait par la plupart des sociétés primitives, il n’est toutefois pas présent en quantités abondantes. En plus d’être relativement rare (ce qui évite que tout le monde puisse diminuer sa valeur en s’en procurant facilement), il est aisément transportable (quoique lourd), inaltérable (on ne risque pas de le voir se dégrader), il peut être fragmenté facilement, et sa malléabilité lui permet d’être transformé aisément.
Le commerçant trouve donc en lui un moyen d’échange plus facile à utiliser que les anciennes « monnaies » qu’il utilisait jusqu’alors : avec le bétail, difficile de régler une somme précise. On ne peut pas, à moins de le tuer, payer avec un quart de mouton. Et une maladie peut décimer le troupeau et ruiner son propriétaire. Même chose avec le grain : s’il est plus aisément fractionnable, et permet des paiements plus précis, il reste une denrée périssable qu’on ne peut thésauriser ad vitam eternam. Il faut en renouveler le stock régulièrement.
Sous ce rapport, l’or ne présente que des avantages : impérissable, fractionnable, thésaurisable. Il peur être fondu et façonner à l’infini. Avant de se présenter sous la forme de pièces rondes à l’effigie d’un monarque, utilisé dans la plupart des échanges quotidiens, il a circulé sous l’apparence de blocs d’or, des lingots, estampillés et permettant des règlements importants et ponctuels. Deux mille ans avant Jésus-Christ, la Cappadoce (une région de l’actuelle Turquie) et l’Assyrie (une région du Nord de la Mésopotamie) ont recours à ces blocs d’or dans certaines transactions de grande valeur.
En Égypte, aux environs de 1500 ans av. J.-C., on trouve sur une stèle une inscription qui rend compte pour chaque objet (donné par le roi Ahmôsis à son épouse Ahmès-Nefertari en guise de « salaire » pour sa fonction de prêtre du dieu Amon) d’un équivalent de sa valeur en or.
Les exemples de ce type sont nombreux, et les zones géographiques où ils font leur apparition, variées. Petit à petit, l’or n’est donc plus seulement une marchandise rare à l’égal d’une autre : il acquiert une valeur fiduciaire, devient un symbole économique puissant et s’achemine progressivement vers la monnaie. Les premiers étalons monétaires sont alors créées, et les premières pièces de monnaies, frappées.
Les premières monnaies d’or
Elles apparaissent autour du 6 ème siècle avant J.-C. : parmi les plus connues, les dariques, du nom du roi de Perse Darius 1er ; les créséides du roi Crésus, roi de Lydie ; ou encore les monnaies du pharaon Tachos qui règne sur l’Égypte pendant le 4ème siècle avant notre ère.
La monnaie d’or est l’aspect le plus connu des transactions économiques fondées sur les métaux nobles. Dans ce cas précis, le métal précieux fonde la valeur de la monnaie : une pièce doit contenir une masse bien précise d’or pour que sa valeur soit reconnue.
En possédant de telles monnaies, on acquiert autant la matière première que la possibilité de réaliser des transactions avec un outil qui permet la conversation de la valeur d’une quelconque marchandise en un objet de petite taille simplifiant l’échange (la monnaie donc). Ainsi, c’est l’avénement des pièces de monnaie conçues dans des matériaux vulgaires qui signera la disparition du premier aspect au profit du second, qui seul perdurera.
À l’époque où les monnaies en métal précieux sont en circulation, des spéculations complexes sont réalisées, qui permettent la création d’un bénéfice en jouant sur le cours du métal précieux, c’est-à-dire la matière première qui fait l’objet d’un commerce et dont la valeur fluctue indépendamment du cours de la pièce en circulation, dont la valeur est en quelque sorte figée.
En achetant la matière première à l’aide de la pièce, un profit peut être réalisé.
Interdiction de l’achat et de la vente d’or
Tout au long de cette histoire du commerce l’or, il a aussi pu arriver que les activités économiques réalisées autour du métal jaune soient abrogées et prohibées. Cela a par exemple été le cas en 1939 : 6 jours seulement après la déclaration de guerre à l’Allemagne, survenue le 3 septembre, le décret du 9 septembre 1939 « prohibe ou réglemente », selon ses propres termes, le commerce de l’or.
Il s’agissait bien sûr d’éviter une fuite des capitaux et la ruine du pays au moment où l’effort de guerre allait devoir être soutenu. Il fallait également à tout prix empêcher que des spéculations ne soient réalisées sur le métal précieux, et que des profits illicites soient réalisés au détriment de l’intérêt national. Bien que fortement restreint, l’achat et la vente d’or auront lieu clandestinement en France pendant la seconde guerre mondiale.
Ainsi, le cours du Napoléon or sur les marchés clandestins a flambé jusqu’à atteindre 1400 anciens francs en décembre 1940, et même 6500 anciens francs au sortir de la guerre en 1946, contre des prix officiels délivrés par la Banque de France gelés à à peine plus de 274 ancien francs.
Au cours de la guerre, ce premier décret est renforcé par une ordonnance émise par le Général De Gaulle, en date du 7 octobre 1944, et dans laquelle il interdit « à tout propriétaire d’or, d’en effectuer la cession, à titre onéreux ou gratuit, sous quelque forme que ce soit, à toute personne de transporter de l’or pour quelque motif que ce soit ». Le 17 janvier 1945, une seconde ordonnance vient s’ajouter à celle-ci : elle enjoint toute personne possédant de l’or, sous quelque forme que ce soit, à se présenter à l’Office des Changes pour y être recensé. Enfin, moins d’un an plus tard, le 26 décembre 1945, la loi 45-0140 accordait au gouvernement le pouvoir de réquisitionner l’or.
Il faudra attendre le 2 février 1948, soit neuf années après le décret interdisant le commerce de l’or pour que celui-ci soit rétabli : la loi 48-178 autorise à nouveau la détention, le transport et le commerce de l’or en France.