Le recyclage de l'or

L'or est l'une des rares matières précieuses qui conserve toutes ses propriétés, sans connaître la moindre altération après avoir été recyclé, et ceci, à l'infini. Le métal épuré, fondu, puis réutilisé reste parfaitement identique : il est toujours aussi malléable, ductile, il conserve sa conductivité thermique et électrique, il garde son jaune si caractéristique.

Recyclage de l'or

Le recyclage des métaux précieux fait partie intégrante du commerce de l'or et revêt qui plus est un enjeu à la fois économique, industriel et écologique. L'aspect économique est aisément compréhensible, puisque la récupération d'une matière première très onéreuse affranchit de son extraction minière, coûteuse et amenée à se réduire, voire à disparaître, à court ou moyen terme.

Les nouvelles mines d'or des siècles prochains ne se situent certainement plus dans le sous-sol aurifère d'un pays, mais dans les objets industriels contenant des métaux précieux, et dont les nouvelles technologies permettront d'améliorer le recyclage. Car l'or n'est pas inépuisable, et, si l'on en croit les prévisions, il se raréfie dans les mines encore ouvertes : tout ​porte à croire que dans un à deux décennies, autour de 2025 à 2030, les principales mines auront vu leurs gisements se tarir.

Il s'agit donc de viser la remise en circulation de la matière précieuse et sa réutilisation pour la création de nouveaux bijoux, ou son utilisation dans de nouveaux secteurs, comme l'électronique.

L'aspect écologique concerne l'extraction des minerais d'or, qui peut être, dans de nombreux pays, et selon les pratiques utilisées, extrêmement polluante dans la mesure où des métaux lourds et fortement toxiques, comme le mercure, sont utilisés pour amalgamer l'or. Parfois même, le mercure est naturellement présent dans le sous-sol (comme c'est le cas en Guyane Française) : il est alors libéré lorsque ce sous-sol est excavé et que d'importantes quantités de minerais sont broyées, mettant en péril les espèces animales et les habitants qui dépendent de celles-ci. Mais même une extraction minière responsable reste très polluante, ne serait-ce parce qu'elle nécessite de grands volumes d'eaux nécessaires au lavage des roches et de grandes quantités de carburant, destinées à alimenter les véhicules et engins qui déblaient, évacuent et broient les roches aurifères.

Enfin l'aspect industriel concerne la compétence et la technologie nécessaires à la récupération de l'or, ainsi que la viabilité économique d'une telle entreprise. Si la séparation de l'or d'un alliage traditionnel est chose aisée, comme c'est le cas dans un bijou, une pièce de monnaie, son extraction des composants électroniques ou, dans le cat du platine, des pots catalytiques, est particulièrement difficile.

À cet égard, des projets industriels innovants ont été mis au point pour contrecarrer ces pertes jusqu'à aujourd'hui colossales. Qu'il suffise de songer qu'une tonne de déchets électroniques issus des smartphones, tablettes et ordinateurs peut contenir jusqu'à 1kg d'or, 5kg d'argent, ainsi que du tantale, du palladium et du nickel pour comprendre l'intérêt de leur récupération.

Le modèle économique de ce recyclage complexe doit être rentable pour être viable : il faut en effet que le coût occasionné par la séparation des différents métaux précieux des autres déchets et impuretés soit inférieur au produit de leur vente pour qu'un profit puisse être dégagé et le processus de recyclage enclenché durablement.

Chiffres clés et tendances autour de l'or recyclé

La santé de l'économie mondiale a un impact direct sur le taux de recyclage de l'or (et plus généralement, des matières premières onéreuses). Quand l'économie se porte bien, on recycle tout simplement moins l'or que lorsque l'économie se porte mal. De même, lorsque le cours du métal précieux est en augmentation, le recyclage de celui-ci augmente, car la rentabilité de cette opération industrielle parfois complexe est plus élevée que lorsque la valeur du métal est basse.

Gold.org a ainsi mené une étude complète sur l'or recyclé au cours de la dernière décennie, et a ainsi pu dégager diverses tendances :

Le principal enjeu pour les années à venir concerne la capacité de notre société à extraire l'or contenu en très petite quantité dans les composants électroniques pour le réutiliser à nouveau. En effet, la proportion de ces nouveaux déchets électroniques connaît une telle expansion, et les réserves d'or en provenance des mines connaît un tel déclin, que les nouvelles mines d'or sont désormais les montagnes de déchets électroniques.

De plus, une augmentation du cours de l'or devrait encourager cette tendance, car le coût d'extraction des métaux nobles contenus dans les composants électroniques restant élevé, seule une amélioration de la rentabilité dur recyclage pourra rendre celui-ci réellement intéressant.

Le rachat d'or, une collecte orientée vers le recylage

La collecte des objets en or (principalement les bijoux, les monnaies) en vue de la réutilisation du métal précieux qu'ils contiennent est à ce jour le commerce qui génère la plus grande partie du recyclage de l'or (90%, si l'on en croit les chiffres donnés par le World Gold Council).

L'achat d'or pratiqué par des négociants dans les pays consommateurs de métal précieux permet de diminuer leur dépendance à l'extraction aurifère, en réduisant les volumes d'or importés depuis les principaux pays producteurs. Ceci s'explique aussi par la convergence de plusieurs facteurs :

  • Augmentation du prix de l'or.
  • Contexte économique difficile.
  • Raréfaction de la ressource.
  • Facilité du recyclage, puisqu'il s'agit d'objets constitués en grande partie d'or, dont la récupération est chose aisée.