Toutânkhamon

Toutânkhamon est un pharaon égyptien qui a régné sur la Haute et la Basse-Égypte il y a 33 siècles, quand ce royaume, bien que menacé par de nombreux envahisseurs issus des pays limitrophes, connaissait son apogée. Il est né selon toute vraisemblance en 1345 avant notre ère, et serait décédé au début de l'année 1327 avant J.-C.

Il est le 11ème pharaon de la 18ème dynastie, le fils d'Akhénaton et de la sœur de ce dernier, que l'on a baptisé Younger Lady faute d'avoir pu déterminer avec exactitude sa véritable identité, mais dont on sait qu'elle est à la fois la tante et la mère de Toutânkhamon.

La tombe de Toutânkhamon, répertoriée sous le code KV 62, est située dans la Vallée des Rois, au cœur de la nécropole royale, à quelques mètres seulement de l'entrée de la tombe de Ramsès VI ; nous sommes sur la rive gauche du Nil, en Égypte.

S'il est bien avéré que des pilleurs de tombe ont pénétré à l'intérieur de la tombe, ceci se serait produit peu de temps après l'inhumation du pharaon : celle-ci est restée ensuite scellée durant les trois millénaires qui la séparent de sa découverte, par Howard Carter, le 4 novembre 1922 : ce sont d'abord les quelques marches qui mènent à l'entrée de la tombe qui sont déblayées. Il faudra attendre l'arrivée de Lord George Edward Carnarvon, commanditaire des fouilles, pour que celles-ci continuent. Ils ne pénètreront à l'intérieur de la tombe que le 22 jours plus tard, le 26 novembre 1922.

cartouche de Toutankhamon
Ce cartouche donne l'un des noms du pharaon : Toutânkhamon Hequaiounoushema, autrement dit : « Image vivante d'Amon, Prince de l'Héliopolis du Sud ».
Second nomPremier nom
NomsToutânkhamonToutânkhaton
SignificationImage vivante d'AmonImage vivante d'Aton

Toutânkhamon est certainement aujourd'hui, parmi la centaine de souverains que compte les 32 dynasties ayant régné sur les Deux Terres, le plus célèbre des pharaons d'Égypte. Pourtant, son règne n'a que très peu duré (neuf années) et n'a été marqué par aucun événement militaire majeur ni aucune décision politique réellement importante. Du point de vue historique et politique, il est considéré par les égyptologues comme un "petit" pharaon : certes, il a régné pendant la période la plus florissante de l'Égypte antique, mais ce règne est court et ne lui a pas laissé le temps de prendre des décisions majeures.

C'est l'exceptionnel état de conservation de la momie, la richesse des parures, le somptueux masque, le sarcophage finement ouvragé, et les quelque 4000 objets trouvés dans le tombeau, ainsi que le mythe (totalement inventé par la presse) d'une malédiction qui s'abattrait sur ceux venus troubler le repos du souverain défunt qui ont en grande partie créé cette notoriété. Son nom est désormais aussi inextricablement associé aux trésors archéologiques fabuleux qui l'accompagnent dans sa tombe pour l'éternité, qu'à la malédiction fantasmatique qui n'a jamais protégé son repos.

Aujourd'hui, dans l'imaginaire moderne, Toutânkhamon est associé au jeune souverain dont la tombe recèle certains des plus beaux objets en or massifs à avoir traversé les millénaires, ainsi qu'au mythe fictionnel d'une malédiction. L'Égypte antique est une civilisation inextricablement liée à l'or, dont elle vénérait l'inaltérabilité : elle exploitait des filons, possédait des mines d'or, commerçait le métal précieux et surtout façonnait celui-ci.

Vie de Toutânkhamon

De son règne, dont la durée a été courte, on ne sait que peu de choses. C'est l'éclat de ces multiples représentations qui a fait de Toutânkhamon un pharaon au visage "familier". Voici les trois principaux visages sous lesquels il nous apparaît aujourd'hui. Le premier est une représentation idéalisée, le second consiste en un visage figé dans la mort, et l'autre est une reconstitution faite d'après sa dépouille.

masque mortuaire de Toutânkhamon
Le masque en or recouvrant la momie de Toutânkhamon.

Le masque funéraire

Le visage le plus connu est celui que les orfèvres égyptiens ont contribué à imposer à l'imaginaire du monde entier, grâce au célèbre masque funéraire en or, destiné à parer le pharaon pour l'éternité et à présenter à l'au-delà un visage idéalisé et inaltérable. C'est en grande partie à ce chef d'œuvre d'or et de pierres précieuses que Toutânkhamon doit d'être aussi connu aujourd'hui. Cependant, les dernière découvertes tendent à prouver que cette représentation éclatante était certainement destinée à parer la dépouille d'une autre reine (qui pourrait bien être Nefertiti)…


Le corps embaumé et momifié

Sous ce masque repose un visage momifié selon les techniques rituelles égyptiennes développées pendant des millénaires.

Le visage et le corps ont ainsi stoppé leur putréfaction, et la physionomie générale ont été préservés pendant plus de 3300 ans.

La peau a certes noirci, mais la décomposition n'a pas eu lieu, et le corps a "conservé" une apparence.


statue représenant le visage de Toutânkhamon
Cette statue, dont la découverte Par H. Carter, fait l'objet d'une remise en question, représenterait le pharaon enfant (assimilé à Néfertoum, émergeant du lotus bleu).

Le visage reconstitué par les scientifiques

Ce visage a été reconstitué grâce à des méthodes scientifiques établies d'après la structure osseuse et les tissus préservés grâce à la momification du pharaon.

D'après la position la forme des os du crâne, la peau, les articulations et les ligaments conservés, cette image de synthèse a pu être obtenue par adjonction des muscles, des graisses et de la peau du visage de Toutânkhamon.

C'est ce qui a permis de reconstituer un faciès doté de ces joues haut placées, de ce crâne étiré vers l'arrière et aplati sur le dessus, la lèvre supérieure légèrement proéminente, le nez légèrement aplati.

Le patrimoine génétique du sujet a également été pris en compte. Le khôl égyptien (trait noir appliqué sur le contour de l'œil) est sans nul doute le maquillage porté par le pharaon, de même que le cheveux ras qui devait être couvert d'une perruque et de coiffes.

Chronologie : principales dates

  • 1345 av. J.-C. : Naissance supposée de Toutânkhamon, fils présumé d’Akhénaton et de sa sœur (il s’agirait soit de Baketaton, soit de Nebetâh). Étant donné que la datation se faisait d’après le début du règne des pharaons, la naissance de Toutânkhamon a lieu, selon le calendrier égyptien, la douzième année du règne de son père, Akhénaton.
  • 1338 ou 1337 av. J.-C. : Décès de son père et prédécesseur sur le trône, alors que celui-ci n’a que 7 ou 8 ans.
  • 1338 av. J.-C. (date incertaine) : Ânkh-Khéperourê, demi-sœur de Toutânkhamon, succède à Akhénaton et règne durant un laps de temps cours, certainement moins de deux années.
  • 1336 ou 1335 av. J.-C. (date incertaine) : Toutankhâmon devient le 11ème pharaon de la 18ème dynastie d’Égypte, à l’âge de 9 ans à peine. Il porte alors le nom de Toutânkhaton, qu’il modifiera trois années plus tard.
  • Autour de 1333 ou 1332 av. J.-C. : Le jeune pharaon, âgé d’environ 12 ans, et régnant depuis seulement 3 ans, change son nom en Toutânkhamon.
  • Probablement janvier 1327 av. J.-C. : Mort de Toutânkhamon, à l’âge de 18 ou de 19 ans, après 9 années de règne, dans des circonstances qui n’ont pas pu être établies avec précision. Il ne laisse aucun héritier.
  • Certainement au début de l’année 1327 av. J.-C., pendant 70 jours : Momification de la dépouille mortelle du pharaon, et préparation de sa tombe et des objets destinés à être ensevelis avec lui.
  • Probablement en mars ou avril 1327 av. J.-C. : Inhumation du pharaon dans la tombe située dans la Vallée des Rois, connue sous la dénomination KV 62.

Mort de Toutânkhamon

Les circonstances exactes de la mort du pharaon sont inconnues, et seules des conjectures ont été établies par les scientifiques et les archéologues. La brève existence de Toutânkhamon, depuis sa naissance jusqu'à sa mort, probablement au cours de sa 18ème, 19ème ou 20ème année, aura été marquée par la maladie et la faiblesse.

Fruit d'une union incestueuse, l'enfant doit certaines de ces maladies à un patrimoine génétique particulièrement restreint, et appauvri par une succession d'unions consanguines.

Pathologies supposées puis écartées

L'observation des représentations du pharaon ou de sa famille, notamment par le biais des fresques ou statuettes qui ont traversé les millénaires, ont permis de soumettre plusieurs maladies que la médecine légale a ensuite écartée.

Ainsi, le surdéveloppement des glandes mammaires, appelé gynécomastie en termes scientifiques, a laissé penser qu'il pouvait avoir été atteint par plusieurs syndromes ou maladies génétiques et héréditaires, notamment :

Mais ces pathologies hypothétiques n'ont pas été confirmées par les investigations scientifiques opérées sur la momie, et il semblerait qu'il s'agisse d'une mauvaise interprétation de ce qui constitue en fait des représentations purement symboliques du pharaon, toutes issues d'un idéal physique, affectant le visage et le corps.

Maladies avérées

Parmi les maladies dont on est sûr pour en avoir trouvé la preuve tangible, figurent des affections liées à l'environnement, à l'hérédité et à des accidents survenus durant la vie du pharaon. C'est l'étude de la momie de Toutânkhamon, réalisée grâce aux techniques de la médecine légale, qui a ainsi permis de déterminer plusieurs pathologies et infections plus ou moins graves.

Une première radiographie du crâne de Toutânkhamon, réalisée en 1968, a d'abord suscité la thèse de l'assassinat, car un fragment du crâne était enfoncé dans la boîte crânienne, ce qui a immédiatement laissé penser qu'un choc engendré par un objet contondant avait pu perforer ou enfoncer le crâne. Mais des investigations plus poussées ont permis de prouver que ceci avait eu lieu après le décès, probablement pendant le processus d'embaumement, ou bien au moment des premiers examens réalisés par Howard Carter, en 1925.

La vie de Toutânkhamon aura été marquée par de nombreuses maladies et infirmités. Selon les scientifiques, la cause ayant, selon toutes probabilités, pu entraîner la mort est certainement l'infection survenue juste après sa fracture de la jambe gauche. Déjà affaibli par sa frêle constitution et miné par le paludisme, cette blessure lui aura certainement été fatale.

Généalogie et succession du pharaon

Toutânkhamon est donc issu d'un mariage entre membres d'une même famille. Les investigations génétiques grâce au prélèvement d'ADN réalisé sur sa momie et celles de son entourage familial ont pu établir qu'il est le produit d'un inceste, entre un frère et une sœur. Si l'identité du père n'est plus sujette à caution, l'ADN ayant prouvé qu'il s'agit bien d'Akhénaton, celle de la mère est encore très incertaine. Plusieurs hypothèses ont été émises, et l'on est aujourd'hui certain qu'elle serait l'une des sœurs d'Akhénaton :

Si l'identité de Toutânkhamon, sa titulature, les membres de sa famille ne sont pas connus avec certitude, c'est parce qu'un processus d'effacement a été opéré : son nom a en effet été retiré de très nombreux cartouches, modifié sur de nombreuses fresques, et certaines de ses représentations affectées à d'autres pharaons, pour des raisons aujourd'hui encore mystérieuses.

Arbre généalogique de Toutânkhamon

D'après les stèles retrouvées, les inscriptions sur les murs des tombeaux, ainsi que les prélèvements d'ADN, les égyptologues ont pu établir un arbre généalogique, certes lacunaire, mais néanmoins relativement complet.

Ses grands-parents maternels et paternels sont Aménhotep III et Tiyi.

Ses parents sont Akhénaton et cette mystérieuse Younger Lady dont on ne sait si elle est la sœur d'Akhénaton Nebetâh, ou sa cousine germaine Nefertiti.

Ses soeurs sont Makhétaton, Mérytaton, Néfernéferouaton Tasherit, Sétepenrê, et son frère Smenkhkarê.

arbre généalogique de Toutânkhamon
Arbre généalogique sur 3 générations : grands-parents, parents et fratrie de Toutânkhamon.

À sa mort, Toutânkhamon ne laisse aucun héritier : sa seule descendance aura été incarnée par deux foetus de sexe féminin, décédées à la naissance. Il aura eu pour seule épouse connue Ânkhésenamon, qui est aussi l'une de ses cinq sœurs.

Prédécesseurs et successeurs sur le trône d'Égypte

pharaons qui ont précédé et succédé à Toutânkhamon
Pharaons connus (ou supposés), ayant régné avant ou après Toutânkhamon.

La 18ème dynastie compte 14 pharaons, dont Toutânkhamon est aujourd'hui le représentant le plus célèbre, sinon du point de vue politique, tout du moins du fait de la somptuosité du mobilier funéraire et des trésors retrouvés dans sa tombe, retrouvée intacte et préservée des pillages.

Quand Aÿ, le « père divin », devient pharaon, sa vie est déjà bien avancée, et son règne s'achève avec son décès, seulement quatre années après son accession au trône d'Égypte. Connu pour être un fidèle du culte d'Aton, son accession au pouvoir après le retour au culte d'Amon a de quoi étonner, mais il a pu s'emparer du trône et légitimer son pouvoir en épousant Ânkhésenamon, épouse de son prédécesseur Toutânkhamon.

Cette dynastie s'achève lorsque Horemheb, général d'Akhénaton qui succède à Aÿ, accède au pouvoir et ouvre la voie à la 19ème dynastie.

Actions politiques et religieuses menées par le pharaon

Les égyptologues ne savent pas encore avec exactitude dans quelles circonstances Toutânkhamon a pris la tête de l'Égypte. Ce dont on est sûr, c'est qu'un laps de temps de trois années s'est écoulé entre le moment où Akhénaton meurt et où son jeune fils reprend le pouvoir. Pendant cet intervalle, on lui prête deux prédécesseurs potentiels : Méritaton (appelé aussi Ânkh-Khéperourê) ou ​Sémenkhkarê.

Il est également évident que le pharaon était trop jeune pour exercer son pouvoir tout seul, et que de puissants conseillers ont certainement influencé ces décisions.

Décisions politiques

Toutânkhamon a certainement essayé d'apaiser les tensions politiques et militaires avec les pays voisins, qui ont redoublé pendant le règne de son père. On on ignore aujourd'hui si cette entreprise a été couronnée de succès, ou marquée par des échecs. Des guerres ont bien éclaté pendant son règne, notamment avec la Nubie, éternelle rivale de l'Égypte.

On peut inférer, d'après les cadeaux retrouvés dans sa tombe, et en provenance des pays voisins, que des relations pacifiques avaient été créées avec certaines des puissances étrangères, mais notre connaissance de cette période est encore très lacunaire.

La restauration de la force et de l'autorité politique de l'Égypte semble passer par la consolidation de son unité intérieure, mise à mal par les bouleversements engendrés par Akhénaton, dont Toutânkhamon essaie d'effacer les traces tant bien que mal. Une stèle de grès rouge a été découverte à Karnak, au cœur du temple d'Amon, qui témoigne des efforts réalisés pour remettre en état les traditions et religions ancestrales.

Décisions religieuses

Toutânkhamon est le fils du pharaon connu pour avoir mené des réformes religieuses perçues par les Égyptiens comme une hérésie : non seulement Akhénaton a instauré un culte monothéiste exclusivement consacré à la divinité Aton, (dont il était l'incarnation sur Terre), mais il a qui plus est déplacé la capitale de l'Égypte, installée jusqu'alors à Thèbes (ville de Haute-Égypte dédiée au dieu Amon), dans une ville qu'il a créée près du Nil, à Tell el Amarna, et qu'il nomme Akhétaton. C'est pour cette raison que l'on appellera cette courte période l'époque amarnienne (temps où le culte religieux se trouvait à Akhétaton, ou Tell el Amarna), que l'on opposera à l'époque thébaine (temps où le culte religieux se trouvait à Thèbes).

Toutânkhamon, de son propre chef ou bien sous l'influence de ses conseillers, décide après seulement deux années de règne de restaurer le culte de la divinité Amon, et d'abandonner celui d'Aton, ainsi que la capitale construite par son père. Lui et sa cour retournent à Thèbes, et relève les temples d'Amon, la divinité qui était considérée comme souveraine depuis au moins six dynasties, et dont le culte avait été abandonné tout au long du règne de son père.

Après l'hérésie du dieu unique, Toutânkhamon réinstalle donc l'orthodoxie polythéiste du culte d'Aton mené par les prêtres thébains. C'est la principale décision prise pendant son règne, tout du moins celle qui est considérée par les égyptologues comme la plus significative de son règne, et qui, prise à un âge où il était jeune et certainement très faible, peut être imputée à des influences extérieures.

Quoi qu'il en soit, sous son influence les dieux et déesses du panthéon égyptien ont retrouvé leurs temples et leurs prestiges, et les fêtes traditionnelles qui ponctuaient le calendrier égyptien ont à nouveau été célébrées.

Le mythe de la malédiction de Toutânkhamon

La légende d'une malédiction entourant la profanation de la tombe du pharaon Toutânkhamon a pris naissance au cours de l'année 1923, soit quelques mois seulement après l'ouverture de la tombe par Howard Carter. Une analyse rationnelle montre aujourd'hui qu'en dépit de plusieurs faits objectifs qui ont pu sembler troublants au moment où ils se sont produits, ce mythe est le fait d'un journalisme à sensation qui a voulu développer la découverte de la tombe en y adjoignant des ingrédients purement fictionnels, uniquement destinés à doper les ventes des numéros. Ajoutons à cela que des auteurs britanniques à succès, tels que Arthur Conan Doyle ou Agatha Christie, se sont appropriés la découverte archéologique et l'ont inextricablement associé, dans leurs fictions littéraires, à cette fiction.

Les faits "avérés"

Le premier fait objectif accréditant, selon les journalistes, la thèse d'une supposée malédiction serait la mort du canari d'Howard Carter, avalé par un cobra royal, serpent qui est l'un des principaux symboles du pouvoir pharaonique dans l'Égypte antique, que l'on trouve très fréquemment dans les représentations du pharaon, et qui apparaît sur le célèbre masque de Toutânkhamon. Cet événement se serait produit quelques jours avant que les archéologues ne pénètrent à l'intérieur du tombeau, et d'aucuns y voient un très mauvais présage.

En mars 1923, soit un peu plus de quatre mois après l'ouverture de la tombe, Lord Carnarvon, commanditaire de l'expédition qui a conduit à la découverte du tombeau de Toutânkhamon, décède des suites d'une maladie contractée pendant son séjour en Égypte. Il pourrait s'agir d'une pneumonie grave associée à une infection septicémique causée par la piqûre d'un moustique mal cicatrisée. Il n'en faut pas plus pour que les esprits s'affolent et voient en lui le premier des égyptologues maudits.

D'avril à septembre 1923, ce sont tour à tour l'archéologue La Fleur, le financier américain George Jay Gould I, le colonel britannique Aubrey Herbert, demi-frère de Lord Carnarvon.

En 1924, deux nouveaux décès viennent allonger la liste des morts suspectes : l'archéologue anglais Hugh Evelyn-White se suicide à l'âge de 40 ans, et le radiologiste ayant radiographié la momie, Archibald Douglas Reed, quelques jours seulement après avoir réalisé ce travail.

En 1928, ​Arthur Cruttenden Mace, égyptologue anglais, meurt à son tour sans que sa mort n'ait aucune cause apparente.

En 1939, Howard Carter meurt, soit 17 années après avoir pénétré dans le tombeau du pharaon pour la première fois.

Mais selon les partisans de la théorie de la malédiction, celle-ci ne concernerait pas que les personnes ayant pénétré dans le tombeau, mais également celles ayant pris des décisions importantes concernant la momie : le directeur du département des antiquités égyptiennes au Musée du Caire, Mohammed Merhi, serait ainsi mort le lendemain de la signature d'une autorisation de sortie des trésors de Toutânkhamon hors du territoire égyptien, en 1967, le temps de leur exposition dans un musée à Paris. De même, son successeur Gamal Mehrez serait mort, en 1972, juste après avoir signé le même accord concernant une exposition à Londres.

Au final, dans la décennie qui suit l'ouverture du tombeau, quelque 27 personnes ayant participé soit à la découverte de la momie, soit à sa manipulation ou à celle de ses objets, vont périr. Cette liste de décès, qualifiés par les partisans de la thèse du tombeau maudit de prématurés ou de suspects, alimente la croyance en une malédiction dont on ne trouve nulle trace dans les inscriptions apparaissant à l'intérieur du tombeau.

Plusieurs thèses sont alors avancées pour justifier toutes ces disparitions :

Des thèses plus rigoureusement scientifiques ont été également proposées :

Les faits inventés

Le mythe repose en grande partie sur une malédiction qui aurait été inscrite sous forme de hiéroglyphes dans le tombeau du pharaon, mais dont on a en réalité jamais trouvé la trace, et qui, selon les journaux de l'époque, pourrait être traduite ainsi : « Les ailes de la Mort recouvriront celui qui dérangera la paix du Roi ».

En fait, c'est le culte développé par l'Égypte antique pour la mort, regardée comme un voyage vers l'au-delà et l'éternité plus important que la vie sur terre, et les soins dont étaient entourés les pharaons (rituels d'embaumements complexes, tombes scellées, inscriptions mystérieuses, tombeaux cachés dans le désert égyptien), qui a servi de fondement au mythe d'une malédiction créée de toutes pièces par l'imaginaire occidental, lequel s'en est emparé en le réinterprétant et en lui appliquant sa propre vision de la mort.

Quelques représentations de Toutânkhamon

L'imagerie contemporaine du règne de Toutânkhamon est très abondante, et on y voit le pharaon représenté dans de très nombreuses scènes, souvent liées aux rituels funéraires.

Le pharaon assimilé à Osiris sur une fresque murale

Cette fresque murale en très bon état de conservation, a été trouvée sur le mur nord de la tombe KV 62 dans laquelle a été inhumé Toutânkhamon. On y voit le défunt pharaon représenté à gauche, en blanc, d'après une représentation qui l'assimile à la divinité Osiris : il est ainsi coiffé d'une mitre blanche, attribut de ce dieu, que l'on nomme également la couronne Ourerèt, bordée d'une plume d'autruche à gauche et à droite. On peut discerner sur son front le cobra royal en posture d'attaque, qui est le traditionnel uraeus.

Il porte également un éventail, appelé "flabellum", et un fouet appelé "nekhakha".

On reconnaît également le collier à plusieurs rangs de perles, nommé Ousekh, sous lequel se trouve le scarabée supposé rouler le soleil, et qui est un symbole de résurrection.

Son œil est entouré de khôl, et son menton porte la barbe recourbée, portée par les morts.

Toutânkhamon représenté sur une fresque dans sa tombe

Sur cette partie de la fresque murale, toujours sur le mur Nord, le pharaon Toutânkhamon est représenté dans une symbolique qui l'associe au monde des vivants. En effet, il est torse nu, pieds nus, porte un pagne cout et une perruque de cheveux noirs.

Là encore, l'uræus, prêt à mordre, apparaît également, sur son front. On reconnaît également le collier de perles Ousekh, mais cette fois sans le scarabée symbolisant la renaissance, puisque le pharaon est "vivant" sur cette scène.

À gauche, dans sa main droite, on peut voir une canne, et à droite, dans sa main gauche, la croix ansée, appelée également croix de vie, ou "Ânkh". Il tient également une massue dans cette main. Chacun de ces poignets est orné de bracelets.

Sources