Un vent de fiscalité s’abat sur les Français qui épargnent avec précaution. Sébastien Lecornu et François Bayrou ciblent désormais les livrets d’épargne et l’assurance-vie via une hausse du Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU). Cette décision menace directement le pouvoir d’achat des épargnants, déjà fragilisés par l’inflation. Une réforme qui interroge autant qu’elle inquiète.
Les épargnants face à une fiscalité renforcée sur leurs placements
Le gouvernement songe à relever le PFU qui est aujourd’hui fixé à 30 %. Il s’appliquerait aux intérêts des livrets réglementés et aux gains de l’assurance-vie. Au lieu de toucher à la TVA ou à l’impôt sur le revenu, le gouvernement préférerait cette solution. Celle-ci pourrait rapporter entre 2 et 3 milliards d’euros supplémentaires chaque année. Mais pour les épargnants aux revenus modestes, notamment les retraités, la situation pourrait se compliquer. Ils comptent sur ces placements pour compléter leurs ressources. Cela risque de réduire un budget déjà tendu.
Les classes moyennes, principales utilisatrices des livrets A et des contrats d’assurance-vie, subiront un double effet : rendements réduits et inflation persistante. Un retraité percevant 150 € mensuels d’intérêts pourrait perdre jusqu’à 45 € nets, érodant son niveau de vie. Les experts alertent sur un risque de défiance accrue envers l’épargne domestique, déjà fragilisée par les taux bas.
Cette pression fiscale pourrait pousser le départ de capitaux vers des juridictions plus avantageuses notamment le Luxembourg ou la Belgique. En 2023, près de 12 % des Français ont d’ailleurs envisagé de transférer une partie de leur épargne hors Hexagone. Une fuite discrète mais préoccupante pour le financement de l’économie nationale.
Les stratégies des épargnants pour préserver leur patrimoine
Face à cette incertitude, les épargnants multiplient les solutions pour sécuriser leur épargne. La débancarisation gagne du terrain : 18 % des ménages ont réduit leurs avoirs en livrets ou assurances-vie depuis début 2024. Beaucoup se tournent vers des actifs tangibles, comme l’or physique, dont les ventes ont bondi de 35 % en un an.
L’or, insensible aux décisions fiscales, devient un refuge privilégié. Son cours, stabilisé autour de 65 000 € le kilo, offre une protection contre la confiscation progressive des liquidités. Les plateformes spécialisées rapportent une demande accrue de lingots de petite taille, accessibles dès 500 €, plébiscités par les jeunes épargnants.
Cette migration vers des valeurs refuges affaiblit toutefois le tissu bancaire français. Moins de dépôts signifient moins de crédits pour les PME, freinant l’investissement productif. Un cercle vicieux que le gouvernement peine à anticiper, malgré des appels à la vigilance de la Banque de France.
Une taxation écologique qui pèse sur le pouvoir d’achat
La réforme s’étend aussi aux billets d’avion, avec une taxe supplémentaire sur les vols courts à forte empreinte carbone. Dès 2025, un Paris-Lyon coûtera 8 € de plus, une somme symbolique mais révélatrice d’une logique fiscale élargie. Les épargnants les plus sensibles au budget voient leurs dépenses contraintes, réduisant leur capacité à constituer un patrimoine.
Cette mesure, censée financer des infrastructures vertes, heurte les familles et les indépendants dépendants de l’aérien. Un artisan effectuant 20 déplacements professionnels annuels subira une hausse de 160 €, somme non négligeable pour un chiffre d’affaires serré. Le secteur du tourisme, vital pour certaines régions, redoute un effritement de la demande.
Malgré un discours écologique, cette approche fiscale fragmentée inquiète. Les Français, déjà confrontés à des prélèvements record, perçoivent ces nouvelles taxes comme une ponction supplémentaire. Sans compensation claire, la méfiance envers les politiques économiques ne fera qu’augmenter.
L’épargne française à l’heure des choix décisifs
La confiance des épargnants est un pilier de la stabilité économique. En surexploitant des outils d’épargne de masse, le gouvernement risque de miner l’un des derniers remparts des ménages face à l’incertitude. Les épargnants méritent des réponses claires, pas des mesures improvisées qui aggravent leur précarité. Protéger leur pouvoir d’achat, c’est préserver l’avenir de l’économie française.