Il devait passer de 67 ans aujourd’hui à près de 70 ans en 2050 : l’Italie envisage finalement de stopper l’augmentation de l’âge de départ à la retraite

L’Italie face à une décision historique qui oppose équité sociale et rigueur budgétaire à long terme

L’Italie bouscule les certitudes européennes en figeant son âge de départ à la retraite à 67 ans, défiant les pressions internationales. Alors que Berlin et Paris prolongent l’activité professionnelle, Rome rompt avec l’indexation automatique sur l’espérance de vie. Une décision audacieuse, portée par Giorgia Meloni, entre défis démographiques et fragilité financière. Ce choix marque un tournant dans la gestion des systèmes sociaux.

L’Italie fixe définitivement l’âge de départ à la retraite à 67 ans

Depuis 2019, les Italiens voyaient leur âge de retraite évoluer avec l’espérance de vie, une trajectoire qui devait les mener jusqu’à 69,5 ans en 2050. Le gouvernement Meloni veut aujourd’hui interrompre cette mécanique, maintenant définitivement le départ à 67 ans. Une rupture radicale comparée à la France, où l’âge pivot recule jusqu’à 64 ans.

Comme l’explique bfmtv.com, ce changement répond à des critiques syndicales persistantes. Claudio Durigon, de la Lega, critique une « politique brutale envers les travailleurs ». Ce gel apaiserait pourtant une colère sociale montante, dans un pays où un habitant sur cinq vit déjà sous le seuil de pauvreté. Nombreux italiens redoutent en effet de devoir travailler plus longtemps. Surtout que plus de 15% des seniors se trouvent aujourd’hui sans emploi.

Cette décision s’inscrit dans une période marquée par une crise démographique sans précédent. Avec seulement 1,2 enfant par femme, l’Italie connaît un vieillissement accéléré par rapport à ses voisins européens. Si bloquer l’âge de départ à la retraite calme les inquiétudes populaires, cela pourrait peser lourdement sur les finances publiques déjà fragiles.

Pourquoi l’âge de départ à la retraite impacte la stabilité économique

Sans indexation, la dette italienne pourrait bondir à 139 % du PIB d’ici 2031, selon les calculs de l’Istat. Actuellement à 135 %, elle menace la crédibilité du pays face aux marchés. Tito Boeri, ancien président de l’institut statistique, alerte : « Les conséquences sur la dette seront dramatiques. »

Les pressions européennes compliquent le choix romain. L’UE encourage des réformes pour soutenir les retraites face au vieillissement. Or, l’Italie compte 22 % de seniors contre 19 % en moyenne européenne. Gelant l’âge de départ à la retraite, le gouvernement mise sur un rééquilibrage social, quitte à fragiliser ses comptes.

Pourtant, la croissance récente offre une marge de manœuvre. Après des années de rigueur, le pays affiche un déficit à 4,5 % du PIB. Giancarlo Giorgetti, ministre des Finances, propose de suspendre le mécanisme jusqu’en 2029. Mais chaque trimestre compte pour éviter un choc budgétaire.

Un défi pour l’équilibre social et financier

Les syndicats, unanimes contre l’indexation, voient dans ce gel une victoire. Depuis des années, ils dénoncent un système qui pénalise les métiers pénibles. « Travailler jusqu’à 70 ans est irréaliste pour les ouvriers », insiste un représentant de la CGIL. Meloni, sensible à cet argument, cherche à concilier justice sociale et réalisme économique.

Le gouvernement étudie aussi des aménagements pour les carrières longues. Les travailleurs ayant cotisé 42 ans pourraient partir plus tôt, une mesure populaire mais coûteuse. Parallèlement, des incitations fiscales pourraient encourager les seniors à rester actifs. Un équilibre délicat entre flexibilité et stabilité.

Malgré les risques, cette décision renforce l’image de Meloni en défenseuse des classes populaires. Dans un pays où 60 % des électeurs jugent les retraites « insuffisantes », le gel de l’âge de départ à la retraite pourrait s’avérer un atout politique majeur pour les prochaines échéances.

L’Italie à la croisée des chemins entre solidarité et rigueur économique

Ce choix italien interroge l’avenir des systèmes de retraite en Europe. En privilégiant le court terme social, Rome prend le risque d’un dérapage financier. Pourtant, face à une démographie en déclin, la pression populaire pèse plus lourd que les recommandations techniques. L’âge de départ à la retraite devient ainsi un symbole de résistance face aux logiques purement économiques.