Un symbole du terroir normand s’apprête à se taire. La dernière fabrique de boîtes en bois, écrin des fromages de camembert, annonce sa fin programmée en 2026. Derrière cette échéance se joue plus qu’un site industriel : une tradition, des savoir-faire et l’image d’une région entière. Entre modernisation et coûts qui s’envolent, le compte à rebours s’enclenche, avec une filière attentive au moindre signe d’espoir.
Coup d’arrêt brutal pour les boîtes de camembert en bois
D’après cnews.fr, le choc est immense pour 104 salariés. Mardi 30 septembre, lors d’une réunion des représentants du personnel. La fermeture a été annoncée « du jour au lendemain ». À Saint-Pierre-en-Auge, dans le Calvados, l’atelier fabrique les boîtes en bois du camembert. Le message tombe net et laisse une équipe sonnée, inquiète pour l’avenir.
Cette fabrique est une institution née en 1885. Elle façonne des emballages en peuplier pour des fromages phares, du célèbre fromage normand au coulommier. Ces coffrets ronds portent un savoir-faire, des métiers précis et une identité visuelle que le public associe à la Normandie. Chaque boîte incarne un morceau de patrimoine.
La trajectoire reste tourmentée. Placée en liquidation judiciaire en 2010, l’entreprise a été reprise un an plus tard par le groupe Lactalis. Vingt-cinq millions d’euros ont modernisé les lignes. Selon le maire Jacky Marie, il faudrait encore investir, alors que le coût des matières premières grimpe.
Investissements, défis et fragilité autour du camembert en bois
La direction vise une cessation d’activité au premier semestre 2026. Jusqu’à cette échéance, l’usine assure l’exploitation et organise la transition. Au-delà du calendrier, les boîtes dédiées au camembert concentrent les attentes. Elles incarnent un segment où tradition, image de marque et contraintes industrielles se croisent dans un équilibre fragile.
Les responsables promettent d’accompagner chaque salarié. L’objectif consiste à proposer des solutions de reclassement local en interne tout en identifiant des opportunités externes. Une négociation s’ouvre avec les représentants du personnel afin de définir, ensemble, des mesures adaptées. La direction affiche un souci de proximité et de rapidité dans l’exécution.
Parallèlement, l’entreprise se donne trois mois pour trouver un repreneur. Ce délai doit permettre des contacts ciblés, des audits rapides et une évaluation des investissements nécessaires. Le scénario idéal sauve des postes et un savoir-faire. Le scénario minimal préserve des compétences et limite la casse sociale dans l’écosystème local.
Une filière au pied du mur entre coût et modernisation
Le maire résume un défi connu : l’usine n’a jamais vraiment équilibré ses comptes. La hausse des matières premières alourdit chaque série, tandis que l’énergie et la maintenance pèsent sur la marge. Dans ces conditions, toute modernisation exige des capitaux importants, un tempo serré et des gains de productivité crédibles.
L’enjeu dépasse le site. La disparition d’un acteur historique fragilise une chaîne où interviennent fournisseurs de peuplier, ateliers, imprimeurs et transporteurs. La filière laitière normande risque d’y perdre un repère. Les consommateurs associent fortement l’emballage rond à l’origine et à la qualité perçue.
Pour les clients fromagers, le calendrier compte. Il faut sécuriser les volumes et conserver une présentation fidèle à l’image du camembert. Un repreneur crédible doit prouver sa capacité à financer et à stabiliser les coûts. Il doit maintenir des standards qui protègent l’identité visuelle des produits.
Préserver un savoir-faire tout en garantissant l’avenir compétitif
Entre héritage et contraintes, l’équation reste ouverte. La recherche d’un repreneur peut transformer l’essai. Elle doit s’accompagner d’investissements ciblés, d’une gestion fine des coûts et d’un ancrage territorial renforcé. Le territoire en sortirait grandi si l’activité perdure. Pour les femmes et les hommes du site, l’essentiel demeure l’emploi. Et pour la Normandie, la promesse d’un écrin fidèle au camembert qui continue de rayonner.