Le masque en or de Toutânkhamon

Le masque funéraire de Toutânkhamon est une pièce archéologique trouvée par l'égyptologue anglais Howard Carter en 1925, faisant suite à sa découverte, survenue 3 ans plus tôt (le 9 novembre 1922) de l'hypogée (ou sépulture souterraine) du pharaon égyptien Toutânkhamon, dont le règne se situerait autour de 1345 à 1327 avant notre ère.

Jusqu'à sa découverte, ce masque funéraire, aujourd'hui exposé dans des musées, était placé à l'intérieur du sarcophage : il couvrait alors le visage de la momie.

Différents débats agitent la communauté scientifique autour de la tombe de Toutânkhamon, et surtout de son masque, dont les secrets vont peut-être être tous levés. Ainsi, ceux-ci s'interrogent : la tombe qu'il occupe lui était-elle vraiment destinée ? Le masque d'or dont son visage était couvert a-t-il été réalisé pour lui ? Y a-t-il une chambre cachée derrière le sarcophage de Toutânkhamon, et celle-ci abriterait-elle le sarcophage et la momie de Nefertiti ? Enfin, y a-t-il vraiment eu une vague de décès inexpliqués parmi les explorateurs qui ont découvert et ouvert le tombeau, ou s'agit-il d'une légende ?

Caractéristiques du masque funéraire

Masque d'or de Toutankhamon
Masque funéraire couvrant le visage du pharaon Toutankhamon.

Les inscriptions au dos du masque traduites

Les hiéroglyphes qui apparaissent au dos du masque sont extraites du Livre des morts (chapitre 151B). Elles sont destinées à protéger le porteur du masque. Globalement, et selon la traduction de Paul Barguet, le texte dirait :

« Formule pour la tête mystérieuse. Paroles dites par N., qu’il dise : “Salut à toi, beau visage, doué de la vue, qu'a confectionné Ptah-Sokar, qu'a dressé Anubis, à qui Chou a donné l'élévation, le plus beau visage qui soit parmi les dieux ! Ton oeil droit est la barque de la nuit, ton oeil gauche est la barque du jour, tes sourcils sont (ceux de) l’Énnéade, ton crâne est (celui d’)Anubis, ta nuque est (celle d’)Horus, tes doigts sont (ceux de) Thot, ta tresse est (celle de) Ptah-Sokar. Tu es au front de N., qui est doté de beaux honneurs auprès du grand dieu, et il voit grâce à toi; conduis-le dans les beaux chemins qu'il frappe pour toi les confédérés de Seth, et renverse pour lui ses ennemis sous lui, auprès de la grande ennéade dans le grand Château du Prince qui est à Héliopolis ! Prends les beaux chemins devant Horus maître des pât, N.” »

Dimensions et composition

  • Dimensions : 54cm (L) x 39,3cm (l) x 49cm (p).
  • Poids : 10,32 kg.
  • Composition : alliage d'or, d'argent et de cuivre ; pierres semi-précieuses, notamment : cornaline, turquoise, lapis-lazuli, quartz, obsidienne, pâte de verre.

Le masque est supposé représenter le visage du défunt. Cependant, plusieurs détails et de récentes découvertes laissent penser qu'il n'a pas été fait d'après le visage de Toutânkhamon, mais d'après celui de sa belle-mère.

Ouadjet et Nekhbet

Le front est orné de deux emblèmes, une tête de vautour (à gauche), qui est l'emblème de la déesse Nekhbet, protectrice de la Haute-Égypte, et l'uræus, le cobra royal dressé, prêt à mordre (à droite), qui représente la déesse Ouadjet, protectrice de la Basse-Égypte.

Ces deux emblèmes protègent le pharaon. Le fait que son front soit couronné renvoient à l'étendue du pouvoir du pharaon, qui règne sur les Deux Terres.

Le némès

Son visage est coiffé d'une représentation en or et lapis-lazuli du némès (réalisé en lin blanc et bleu quand il est porté), qui est une coiffe arborée par certains pharaons égyptiens. Celle-ci est complète : le khat forme la partie supérieure du némès, qui couronne la tête du pharaon et dont les brins sont réunis en une tresse à l'arrière de la nuque. On distingue également les ailes, de forme triangulaires, qui encadrent le visage du pharaon, et se terminent par les retombées, composées des deux pans rabattus sur le haut de la poitrine. Enfin, le bandeau ceint le front du pharaon et assure au némès son maintien.

Le blanc des yeux a été obtenu à partir de quartz. Afin d'augmenter la ressemblance, un liseré rouge a été ajouté. La pupille est une pierre semi-précieuse : l'obsidienne. Enfin, le trait noir qui entoure l'œil, et représente le khôl (maquillage appliqué pour protéger l'œil du soleil), a été obtenu à partir de lapis-lazuli.

Le collier Ousekh

On peut voir un collier (il s'agit du Ousekh) à plusieurs rangs (12 rangées de perles exactement, alternant le rouge, le bleu clair et le bleu foncé). Du quartz, du lapis-lazuli et de la pâte de verre ont été utilisés pour sa réalisation. Il vient s'attacher sur les épaules à l'aide de deux fermoirs représentant des têtes de faucon orientées vers l'extérieur.

La barbe postiche

Une barbe postiche, symbole du pouvoir royal, vient orner un menton imberbe : en or massif et pâte de verre, elle se présente sous la forme d'une tresse dont le bout est recourbé, qui est la façon de représenter la barbe après la mort du pharaon, l'assimilant aux divinités qu'il a rejoint (cette barbe est portée droite par le pharaon vivant).

Autres détails

Les oreilles du masque sont représentées trouées, ce qui conduit les archéologues à penser que ce masque ne lui était pas originellement destiné, mais devait couvrir le visage d'une femme.

Localisation et description de la découverte

  • Nature de la découverte : Masque funéraire.
  • Localisation : Chambre funéraire, tombe souterraine située au cœur de la Vallée des Rois (Égypte).
  • Datation : La tombe aurait été achevée et scellée autour de mars ou avril 1327 av. J.-C.
  • Dimensions de la sépulture : 30,79 m pour sa longueur totale, sur 0,66 m pour sa largeur minimale, 7,86 m pour sa largueur maximale et 3,68 m pour sa hauteur maximale.
  • Contenu : Mobilier funéraire, statuettes représentants des divinités, objets de la vie quotidienne, jouets, chars ainsi que 130 cannes de marche. La momie de Toutânkhamon, trois sarcophages dont un en or massif. Le fameux masque funéraire.
  • Date de la découverte : la tombe a été découverte le 9 novembre 1922, et le masque seulement le 28 octobre 1925.
  • Identité de l'archéologue : Howard Carter.

Ce masque était-il originellement destiné à Toutânkhamon ?

Plusieurs détails ont éveillé les soupçons des égyptologues qui ont formulé plusieurs hypothèses quant au premier destinataire du masque, avant d'en privilégier une. Et c'est l'archéologue britannique Nicholas Reeves qui a écrit les grandes lignes de cette découverte.

Selon lui en effet, le masque funéraire n'aurait pas été façonné pour orner le visage de Toutânkhamon, mais pour couvrir celui de la reine que l'on connaît sous le nom de Nefertiti, et dont le nom exact est Ankhkheperure Neferneruaton.

C'est la mort inattendue de Toutânkhamon, survenue alors que ce dernier avait à peine 19 ans, qui aurait conduit à ce détournement du masque d'or. Un examen minutieux du cartouche, qui est le symbole ovale à l'intérieur de laquelle figure le nom du pharaon, qui permet de vérifier cette hypothèse. En étudiant de très près l'inscription, on découvre que le nom de Toutânkhamon recouvre en fait de celui de sa belle-mère, Nefertiti.

Comme on peut le voir dans les cartouches ci-contre, l'inscription aujourd'hui visible a été appliquée par-dessus l'inscription précédente, qui a donc été polie avant d'être remplacée.

Pour les scientifiques, cette découverte pourrait également concerner d'autres objets du mobilier funéraire disposés dans sa tombe, et qui étaient certainement destinés à accompagner dans un premier temps la défunte reine.

La barbe postiche et la détérioration du masque

Les faits sont simples. En août 2014, un incident survient qui occasionne une détérioration du masque funéraire : la barbe postiche tombe. Plutôt que de confier la réparation du masque à une équipe de techniciens spécialisés dans les travaux de restauration, et capables de restaurer convenablement l'un des plus bels objets dus à l'orfèvrerie de l'Égypte ancienne, les responsables de cet incident ont décidé, avec l'autorisation du directeur du service de restauration et le directeur du Musée du Caire, de recoller eux-mêmes la barbe postiche, en utilisant une résine époxy qui a malheureusement débordé sur le menton.

Essayant de réparer cette seconde bévue, ils auraient tenté de retirer la colle ayant débordé en grattant celle-ci avec un scalpel, occasionnant alors de nouvelles dégradations, sous la forme de rayures apparaissant à la base du menton.

Suite à ces dégradations répétées, une plainte a été déposée, et l'objet confié à une équipe d'archéologues allemands, sous la direction de Christian Eckman, qui ont pu retirer les derniers résidus de colle sans occasionner davantage de dommages au masque du pharaon, au cours d'un travail de restauration qui aura duré deux mois.

Le masque est à nouveau exposé au Musée du Caire depuis le mois de décembre 2015.