La Ruée vers l'Or dans les États-Unis d'Amérique

La conquête de l'Ouest, la découverte de l'Or, l'incroyable ruée qui s'ensuivit et l'exploitation minière des territoires aurifères s'inscrivent dans un contexte historique bien précis. L'abondante production cinématographique et littéraire n'est d'ailleurs pas toujours fidèle à la réalité : la fiction a eu tôt fait de s'emparer d'un épisode historique pour construire un mythe à part entière. L'or de la Californie a engendré un rêve éblouissant auquel ont cru les centaines de milliers de pionniers, et qu'ils ont poursuivi au péril de leur vie.

Cet article se veut le récit exact des événements survenus durant cette période clé dans l'Histoire de l'Ouest. Ce faisant, il fait le point sur les principaux repères et éléments historiques avérés concernant la Ruée vers l'Or de la Californie.

La Ruée vers l'Or : les principaux repères historiques

  • 1783 : L'indépendance des États-Unis d'Amérique, au nombre de 13, pour une population de 4 millions d'individus environ, est reconnue par l'Empire britannique. Une première expansion territoriale a lieu à cette époque vers le centre du continent nord-américain, qui donne lieu à la création de nouveaux États.
  • 1841 ou 1842 : Le premier or découvert en Californie l'aurait été en novembre 1842, par Francisco Lopez, six années avant l'or mis au jour par Johann August Sutter.
  • 1846 : Cession de l'Oregon aux États-Unis d'Amérique, par l'Empire Britannique.
  • 1848 : Guerre du Mexique au cours de laquelle les États-Unis d'Amérique, victorieux, annexe le Texas, le Colorado, l'Utah, le sud de la Californie et de le l'Arizona.
  • Le 22 janvier 1848, découverte des premières pépites d'or sur la scierie de John Sutter située à Coloma, en Californie, par James Marshall.
  • 1848 - 1856 : la Ruée vers l'Or en Californie eut lieu durant environ huit années.

Le contexte historique entourant la découverte de l'or

Le continent américain a connu, du Nord au Sud, une histoire mouvementée depuis sa découverte en 1492. Cette histoire est indissociable des nombreuses richesses que renferment son sous-sol, et qui ont largement contribué à l'occupation de l'immense superficie de ce territoire. Si l'or a été exploité et extrait dans les colonies de l'Amérique du Sud dès après la conquête de cette partie du continent, c'est certainement par que les civilisations aztèques et incas utilisaient celui-ci et avaient de nombreuses mines en activité.

Il faudra cependant attendre le 19ème siècle pour que cela se produise en Amérique du Nord. Non pas que l'or soit inconnu des populations indigènes, car celles-ci connaissaient ce minerai dont de petites pépites abondaient dans le lit des rivières, mais elles ne lui attribuaient aucune valeur.

L'indépendance des colonies de l'Est et la constitution des États-Unis

À la fin du 18ème siècle, le 3 septembre 1783 très exactement, l'Empire britannique signe (au terme d'une guerre de plusieurs années qui l'oppose à ses colonies et dont elle sort vaincue) le Traité de Paris, qui accorde aux tout nouveaux États-Unis d'Amérique (alors au nombre de treize) l'indépendance. Ceux-ci s'organisent en un État fédéral constitué d'un gouvernement central, d'une Constitution (adoptée en 1788, mais qui n'entrera en vigueur qu'à partir de 1789), tout en laissant aux États qui le composent une grande indépendance.

Cette événement historique majeur met fin à l'ingérence anglaise, aux taxations et donne une liberté totale aux populations qui vont être le fer de lance d'une expansion territoriale et conquérir des terres vierges.

L'expansion vers l'Ouest

Quatre millions d'habitants peuplent, au moment de l'indépendance, cet État fédéral fraîchement créé et essentiellement localisé dans l'Est du continent nord-américain. Mais ce pays dispose d'une superficie immense, presque totalement inconnue, et dont une très faible partie seulement a été défrichée par les colons. L'inconnu et le mystère qui environnent l'immense majorité du content nord-américain préparent la future création du mythe d'une terre hospitalière, fertile et où l'or abonderait. Ce mythe, qui a été relayé jusqu'en Europe, est en grande partie la cause des vagues de migration qui ont lieu depuis l'Ancien Monde vers le Nouveau Monde au 19ème siècle.

Plusieurs agrandissements territoriaux ont alors lieu. L'Ouest américain est alors à peine connu des américains, et ne commencera à l'être qu'à partir de 1825. Des milliers de pionniers traversent les immenses plaines de l'Amérique et s'installent dans des zones souvent très hostiles, mais à la fertilité desquelles ils croient.

Les tribus Indiennes, durant tout le siècle, connaissent l'afflux des pionniers qu'elles ne peuvent contenir. Des conflits éclatent, durement réprimés, et les tribus cèdent peu à peu leurs terres. Constamment déplacés, et alors même que des terres leurs sont allouées, les Indiens occupent une superficie qui diminue d'années en années, tandis que de nouveaux États viennent rejoindre l'Union.

L'Oregon (situé à l'Ouest et frontalier avec la Californie) qui est encore la propriété du Royaume-Uni, rejoindra ainsi les États-Unis d'Amérique en 1846, date à laquelle les Anglais le cèdent aux Américains.

Deux ans plus tard, en 1848, le sud de la Californie et de l'Arizona, l'Utah, le Texas, et le Colorado sont pris au Mexique après une guerre qui aura duré environ deux ans. Ce n'est que quelques semaines après cette annexion que les premières pépites d'or seront découvertes, par un employé de scierie, sur le sol de la Californie. Les terres californiennes ne deviendront un État américain (le 31ème) qu'en 1850.

Le mythe de l'expansion civilisatrice

Tout au long du 19ème siècle, et surtout au cours de la première moitié de ce siècle, la zone frontière séparant le monde prétendument sauvage de la civilisation recule d'année en année. La croyance en cette opposition entre le monde sauvage et le monde pacifié est un des mythes fondateurs de la culture américaine. L'avancée s'opère rapidement, et de nouveaux états viennent rejoindre ceux de l'Union ; toutes les frontières reculent.

La Conquête de l'Ouest concrétise ce mouvement : il s'agit d'abord d'un déplacement de populations qui se dirigent d'abord vers les Grandes Plaines puis rapidement vers la Côte Ouest. Ces populations sont initialement composées de chasseurs, de trappeurs qui commercent avec les populations indigènes. Viennent ensuite les cultivateurs, qui achètent des concessions, s'établissent solidement, défrichent le territoire et implantent les cultures.

Plusieurs symboles, qui auront une grande postérité littéraire et cinématographique, représentent la civilisation. L'arme à feu est ainsi pacificatrice, car elle a permis de conquérir l'Indépendance, de la conserver, et sert à maintenir l'ordre. Le chemin de fer représente l'avancée de la civilisation et constitue un moyen de transport plus sûr que ne l'est la diligence ou le chariot bâché.

Le plus souvent, les westerns américains représentent et défendent ce mythe civilisateur : un individu solitaire, sorte de chevalier des temps modernes, défend la veuve et l'orphelin en pourfendant les ennemis de la Loi ou un shérif défaillant. À la fin du film, le héros repart et l'ordre initial a été restauré. La civilisation triomphe.

Les western spaghetti, comme ceux de Sergio Leone, et notamment Le Bon, la Brute et le Truand, présentent une vision bien différente de cette époque : la cupidité des trois protagonistes, à la recherche d'un trésor et insensible aux problématiques politiques qui déchirent le pays, montre l'échec absolu de la civilisation. Seules comptent les pièces d'or et aucun idéal, si ce n'est celui de l'enrichissement personnel ne triomphe.

La Ruée vers l'Or de la Californie

Il faut d'abord corriger une idée reçue. L'or n'a pas été découvert par les pionniers, mais simplement redécouvert. En effet, il était bien connu par les nombreuses tribus indiennes, qui ne considéraient pas ce métal précieux comme une richesse.

Plusieurs ruées vers l'or eurent lieu sur le continent américain. La plus connue est celle qui a eu lieu dans l'État de la Californie. Elle a largement contribué au développement et à la conquête de l'Ouest Américain.

Une première découverte par un américain en Californie passe inaperçue

Le 22 novembre 1842, à Los Angeles, Francisco Lopez aurait découvert de la poussière d'or accrochée aux racines d'oignons sauvages qu'il déterrait pour s'alimenter. Il est donc le premier américain à avoir trouvé de l'or en Californie, bien des années avant le célèbre John Sutter. Mais si le fait est avéré, et si les documents prouvent qu'un filon du précieux a bien été mis au jour, une controverse a lieu autour de la date exacte.

Les débuts de la Ruée

Le 22 janvier 1848, James Marshall, travaillant sur le chantier de la scierie en construction de Johann August Sutter située aux abords de la ville de Coloma, à 75km à peine à l'est de Sacramento, découvre les premières pépites d'or. La nouvelle, confirmée le 5 décembre 1848 par le président James Knox Polk lui-même, se répand et attire des dizaines de milliers de chercheurs d'or qui se lancent dans l'orpaillage.

En 1849, à peine un an plus tard, ceux-ci, venus des quatre coins du monde, auront été environ 80000 à avoir tenté leur chance en Californie.

Paradoxalement, le propriétaire de la scierie et des terres environnantes, Johann August Sutter, finira quant à lui ruiné par cette ruée vers l'or, ainsi que l'évoque Blaise Cendrars dans son roman L'Or. Les terres qu'il possède au moment de la découverte du premier filon lui sont volées et il ne parvient pas à faire valoir ses droits.

Tandis que certains, les européens notamment, choisissent la voie maritime pour débarquer sur la côte Ouest en Californie, et passent par le Cap Horn (la pointe sud de l'Amérique Latine), les premières vagues de pionniers venus des États de l'Est partent prospecter en Californie en traversant le continent américain par voie terrestre, voyageant en longues colonnes, créant une nouvelle route par leurs propres moyens.

Pour traverser le pays d'Est en Ouest, ils doivent accomplir un voyage de 3000 kilomètres. Aucun moyen de transport ne permet en effet de traverser les États-Unis, et il faudra attendre 1869 pour que la première ligne de chemin de fer transcontinentale voit le jour. Jusque là, l'acheminement se fait grâce aux fameux charriots bâchés qui transportent des familles entières ou des individus isolés en les protégeant très peu contre les intempéries, l'épuisement, les maladies, ou les attaques de bandits qui perpètrent des crimes impunis. De nombreux pionniers mourront ainsi, bien plus que des attaques des Indiens, qui sont plus rares que la filmographie le laisse penser.